Poka

Un « Facebook de la formation » des employés en usine

Oubliez les lourds manuels de formation, les vidéos sur la clé USB du contremaître et les documents éparpillés. Poka, une entreprise qui compte une centaine d’employés à Québec et à Montréal, propose depuis 2015 une plateforme totalement intégrée qui classe et regroupe tout ce qui est pertinent pour la formation des employés en usine.

Le besoin était manifestement là, près d’un millier d’établissements dans 30 pays utilisant ce que ses fondateurs, Alexandre Leclerc et Antoine Bisson, appellent un « Facebook de la formation ». Nestlé, Bosch et Johnson & Johnson font notamment partie des clients de la jeune entreprise qui annoncera ce lundi avoir réussi à obtenir 25 millions US (30,3 millions CAN) en financement, lors d’une ronde menée par 40 North Ventures et à laquelle Robert Bosch Venture Capital, Groupe Leclerc et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), notamment, ont participé.

Du papier à l’iPad

Au total, depuis 2014, ce sont quelque 45 millions US (54,5 millions CAN) qui sont venus concrétiser le rêve de deux jeunes hommes de Québec, qui avaient constaté à quel point la formation en usine reposait encore sur de vieilles bases. « On a remarqué que l’on compte encore beaucoup sur du papier. Il n’y a souvent jamais eu de transition technologique, explique Antoine Bisson, cofondateur et chef de la technologie chez Poka. Quand on est arrivés avec des tablettes en 2015, on a dû convertir tout le monde pour qu’ils utilisent l’infonuagique, des formulaires intelligents. »

Essentiellement, la plateforme de Poka est un grand classeur dans lequel chaque machine utilisée en usine trouve sa case, selon l’établissement, la chaîne de production et la station de travail.

Une entreprise qui compte plusieurs usines peut utiliser la même documentation d’un établissement à l’autre ou la partager avec d’autres entreprises. Tous les documents pertinents à l’utilisation de cette machine — vidéos, documents PDF, photos, historique et commentaires — y sont regroupés.

Antoine Bisson compare cet outil à une occasion où il avait fouiné sur YouTube pour trouver la vidéo pertinente pour une réparation que son père voulait faire. « Le nombre de choses que je vais chercher sur YouTube ! s’exclame-t-il. Il y a un parallèle à faire avec Poka. Les personnes sur le plancher de production sont laissées à elles-mêmes. Facilement, avec un iPad, tout est accessible dans un format facile à utiliser, d’une façon efficace et peu coûteuse. »

Séduire les jeunes

« Une image vaut mille mots, et une vidéo vaut mille images », ajoute Alexandre Leclerc, cofondateur et PDG de Poka. Pour la petite histoire, il est le fils de l’actuel PDG des Biscuits Leclerc, Denis Leclerc. C’est en 2011, en Pennsylvanie, en visitant une usine du groupe qui avait perdu de nombreux employés, qu’il a été inspiré. Dès 2015, six usines de Biscuits Leclerc utilisaient Poka, avec des milliers de vidéos de formation intégrées à la plateforme.

L’application est offerte en 20 langues – on y a ajouté le serbe, le turc et le japonais récemment – et est utilisée à 80 % hors du Québec, essentiellement en Europe et aux États-Unis.

« On est une plateforme bâtie sur mesure pour les manufacturiers. Comme un Facebook ou un YouTube qui se serait adapté aux besoins des usines. »

— Alexandre Leclerc, cofondateur et PDG de Poka

Alors que le secteur manufacturier vit une pénurie de main-d’œuvre criante, les deux cofondateurs croient que moderniser la formation pourrait convaincre plus de jeunes d’aller en usine. « Le manufacturier, ce n’est pas le milieu qui intéresse le plus les jeunes, reconnaît M. Bisson. S’ils voient que ça se modernise, qu’ils peuvent collaborer, avoir un impact, ils vont sans doute être plus intéressés. »

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